Fauve...
Van Dongen. Son nom même est tintinnabulant et souterrain à la fois. Insaisissable et libertaire fauve des salons, cet éclectique inouï me laisserait presque sans voix face au Tango de l'Archange (1922). Par-delà la symbolique psychéenne qu'on lui prête, se dévoile le goût du peintre pour l'écart : masculinité séraphique et sophistication dénudée font appel à la connivence du spectateur pour rejouer les représentations classiques de la sensualité. Sans oublier le détail provocateur qui établit un flou espiègle sur la frontière entre genres.
Avec La nuit ou la lune (1922), le peintre semble hésiter entre l'univers aérien et aquatique... n'est-ce pas la lune qui commande le flottement sensuel de ce corps comme abandonné au gré des marées ? On s'attendrait presque à voir le vert d'eau laisser transparaître des écailles de sirène dans cette silhouette si longiligne qu'elle en devient presque dérangeante, pleine de mysticisme, à la lisière d'un fantasme et d'un cauchemar naissant.
Expo Kees Van Dongen au Musée d'Art moderne de la ville de Paris, du 25 mars au 17 juillet