Old Boy (Park Chan-Wook, 2003)
Ris, et tout le monde rira avec toi. Pleure, et tu seras seul à pleurer.
Le ton est donné : magistrale fable noire, Old Boy est l'histoire d'Oh Dae-Su (Choi Min-Sik), père de famille enfermé pendant 15 ans pour des raisons qu'il ignore, et pour qui la télévision fut le seul autrui possible. D'un monde de l'absurde que n'aurait pas renié Kafka, le réalisateur coréen nous fait passer à un univers machiavélique où le désir de punir le tortionnaire est l'instrument même du châtiment prévu par l'Autre, celui qui tire les ficelles : c'est en somme l'histoire de deux vengeances s'entremêlant jusqu'à donner le vertige dans les scènes finales, où le bourreau et la victime semblent devenus le miroir l'un de l'autre.
A partir d'un scénario trouble qui soulèverait le coeur à plus d'un, Park Chan-Wook parvient paradoxalement à faire jaillir de ses personnages une empathie mutuelle, là même où ils paraissent avoir touché le fond. Rythmes, musique et photographie pour le moins inattendues sont également au service d'une réalisation originale qui donne toute leur place à des effets de ralenti, pour mettre en lumière une violence autre que celle à laquelle les cinéastes nous ont habitués : comme pour annoncer peut-être la douceur feutrée et rédemptrice de la dernière scène sous la neige.